Françoise Nyssen est ministre de la culture depuis le 17 mai 2017. Si elle avait été plutôt discrète depuis son installation, une récente déclaration a de quoi inquiéter…
En effet, Madame Nyssen s’est récemment exprimée en marge du salon du livre de Francfort sur le modèle du prêt numérique en bibliothèque.
Pour bien comprendre, il faut savoir qu’il existe déjà une exception au droit d’auteur pour le prêt de livres papiers en bibliothèque. L’idée généralement admise est d’utiliser le même fonctionnement pour le livre numérique.
Mais, interrogée sur le cas de l’exception pour le droit au prêt numérique pour le site Actualitté, la ministre de la Culture répondait :
« Il ne faut pas systématiquement demander des exceptions, qui contiennent derrière l’idée d’affaiblir le droit d’auteur. Cela, il n’en est pas question »
Preuve qu’il existe toujours un fossé dans la compréhension du livre numérique entre ceux qui l’utilisent et en vivent (auteurs, éditeurs) et ceux qui légifèrent.
Il est un peu malheureux que ce dérapage vienne à la fois de la France, mais aussi d’une ancienne éditrice !
Alors que l’Europe préconise enfin une législation identique pour le papier et le livre numérique, la ministre de la culture tente de relancer le vieux débat qui veut qu’un ebook ne soit pas un livre en agitant la menace d’une perte de droits d’auteur !
Un paradoxe qui alimente la fameuse thèse du complot suivante : les éditeurs font tout pour nuire au livre numérique. Faire peur, tel est le devoir la de nouvelle ministre de la culture française ?
Force est donc de constater que cette nouvelle ministre de la culture est plus chargée de faire la communication d’un lobby plutôt que de favoriser la culture en France et en Europe… Triste mais pas surprenant !
En Suisse, le prêt de livres numériques par des bibliothèques est autorisé. Je suis ainsi abonné aux services numériques de la Bibliothèques Cantonale Universitaire de Lausanne (BCU) et de la Bibliothèque Municipale de Lausanne, via Bibliomedia. Les deux utilisent les services de Cantook Station (http://www.cantookstation.eu). Le catalogue est donc très similaire et très orienté. Il n’y a pratiquement pas d’auteurs romands, ce qui est un comble pour des bibliothèques vaudoises! A cela, il faut ajouter que le système repose sur l’ignoble, l’infâme Adobe Digital Editions. Exit donc les Kindle. Mais dans la mesure où ce service est gratuit et qu’il fonctionne, ne râlons pas trop; il a le mérite d’exister.