Début octobre, les chiffres commençaient à filtrer dans la presse américaine. Les ventes de livres électroniques (ebooks) seraient en hausse. Une information à prendre avec des pincettes et qui vient contredire tout ce que la presse généraliste a avancé ces dernières années.
Les ventes d’ebooks en hausse aux USA en 2017 ?
HarperCollins, un éditeur américain (New York) vient de dévoiler les chiffres clés de son business pour le dernier trimestre.
Tout d’abord, l’entreprise a indiqué que ses revenus avaient augmenté de 3% par rapport à la même période sur l’année dernière (3e trimestre de l’année civile).
Mais, c’est surtout la part des livres électroniques qui est intéressante : avec 21% des revenus qui proviennent de la vente d’ebooks, c’est un secteur qui est particulièrement lucratif pour l’éditeur.
HarperCollins a aussi indiqué que les ventes de livres électroniques ont augmenté de 6% sur ce trimestre (par rapport au même trimestre en 2016). Une belle augmentation qui ne doit pas éclipser la réalité.
Plus aucune tendance possible sans se ridiculiser
Mais, pour beaucoup de personnes, soit les chiffres des ventes d’ebooks sont instables soit ils sont en baisse. Les arguments avancés sont nombreux et souvent éloignés de la réalité.
En voici quelques uns, souvent appuyés par des études pourtant sérieuses :
Les jeunes préfèrent le papier : et avant non ? C’est subitement que les enfants se sont dit que le papier étaient plus adapté ? Les enfants ont tous des liseuses mais ne les utilisent pas ?
Les Britanniques sont fatigués des écrans : donc, s’ils sont fatigués des écrans, ils n’achètent plus de tablettes, de PC, de smartphones ? Ils ne sont pas au courant que les écrans des liseuses sont conçus justement pour être plus facile à lire ?
Les liseuses ne sont plus « cool » : c’est bien connu, tous les jeunes gens « cool » de mon quartier ont des liseuses… Bien sûr, maintenant que ce n’est plus à la mode, les gens ne lisent plus…
Comme on le voit, les arguments avancés pour expliquer cette baisse des ventes du numérique sont facilement contestable.
Pourtant, il y a sans doute une part de vrai dans chaque article. Il est possible que des enfants n’aiment plus les livres numériques et préfèrent se constituer une collection papier tout comme certains Anglais ont décidé de laisser tomber la liseuse.
Mais, chacune de ses études ne prend pas en compte certains aspects de la lecture numérique et semblent largement biaisée. Il est plus simple d’essayer d’expliquer un problème ou un fait avec un argument choc qu’en étudiant le sujet de fond en comble.
Cette nouvelle tendance (celle des ventes d’ebooks qui augmentent) vient donc contredire toutes les âneries publiées depuis des années dans la presse généraliste qui devrait avoir honte.
Les chiffres des ventes d’ebooks sont trop complexes à étudier
Le problème est en effet plus complexe et détaillé dans cet article (cliquez ici pour le lire) et se résume à quelques points importants :
- la part des ventes de livres électronique est biaisé depuis quelques années par l’essor des livres de coloriages impossibles à adapter au format numérique
- les livres publiés par des indépendants et publiés sans l’aide d’un éditeur ne sont pas comptabilisés dans les chiffres de ventes
- si on étudie les chiffres des revenus des auteurs, on s’aperçoit qu’ils gagnent de plus en plus d’argent grâce au numérique
Conclusion : faut-il arrêter de relayer ce genre de chiffre ?
Donc, que penser des chiffres publiés par HarperCollins ? Rien du tout, ils ne sont pas significatifs de l’industrie. Peut-être même que globalement, les ventes d’ebooks chez les éditeurs vont baisser. Comme les chiffres sont trop partiels pour être étudiés, il est maintenant trop difficile de tirer des conclusions de ce genre d’information.
Comme nous venons de la voir une fois de plus, si vous lisez quelque part que les chiffres de ventes des ebooks augmentent ou baissent, méfiez-vous !