Un gros site américain annonce que le livre papier ne peut que mourir. Si les explications restent nébuleuses, je souhaite moi aussi apporter ma pierre à ce débat.
Vous pouvez lire cet article ici (en anglais) dont on peut résumé l’essentiel en une seule phrase :
Les grands éditeurs sont morts car ils parient contre le numérique qui s’avère être le futur.
Si je suis d’accord avec la dernière partie de cette phrase, il me semble quand même évident que l’édition n’est pas près de mourir. Pas plus que le livre papier !
Visiblement, c’est un débat qui apparaît tous les deux ou trois ans. Avec toujours un peu plus de recul, mon avis sur la question n’a pas fondamentalement changé !
Oui les éditeurs parient contre le numérique
Si une chose est certaine dans cette déclaration c’est que les éditeurs parient bien contre le numérique.
Pour avoir une formulation plus proche de la réalité, ce qu’ils font c’est surtout de ne pas encourager le développement de la lecture numérique.
Soit en pratiquant des prix bien trop élevés soit en rendant compliqué tout téléchargement de livre (avec des DRM qui ennuient les acheteurs par exemple).
Pour ceux qui doutent, je vous recommande de lire cet article : les éditeurs bloquent le développement du numérique.
Pour Sébastien Rouault, responsable du panel livre chez GFK :
« Les éditeurs, échaudés par les modèles du tout-gratuit ont été très vigilants et, pour protéger leur écosystème, ont imposé des prix assez élevés pour les e-books »
Passé ce constat, on peut parler du papier maintenant.
Un attachement au papier
Les gens sont attachés aux objets physiques.
A l’heure ou la musique numérique est de très bonne qualité et ou on peut écouter a peu près ce qu’on veut en streaming, les gens se tournent vers le vinyle, une technologie qu’on pensait désuète ! Voilà qui en dit long…
Il en va de même pour le livre. Même si on imagine un futur où les livres sont tous disponibles en numérique, certains préféreront acheter une belle édition d’un livre en grand format sur papier.
L’objet est attirant et, sans parler de matérialisme, il y a quelque chose d’attendrissant voir de sensuel à tenir dans ses mains un objet qu’on aime.
On le répète chez moi : les Français sont attachés au papier. Les livres ne se jettent pas, ils sont respectés peut-être même plus qu’ailleurs.
L’État ne veut pas vraiment du numérique
Je pense que de plus en plus la question du livre papier est une affaire d’État.
En effet, en France, nous avons une loi qui permet de définir un prix unique pour un livre. Les libraires ne peuvent donc pas vendre les livres au prix qu’ils veulent. Ils ne peuvent pas, par exemple, faire une promotion sur un livre pour baisser leurs stocks.
Cette mesure de protection a permis à la filière du livre de subsister et d’exister malgré les crises traversées.
Le numérique vient aussi perturber cet état de fait et la stabilité, pourtant toute relative, de ce système. Car, si le numérique se développe trop : qu’adviendra-t-il des producteurs de papier, des imprimeurs, des livreurs, des distributeurs et des libraires – qu’on met sans doute trop en avant ?
L’État est donc de connivence avec les éditeurs. Ce n’est pas au nom de la culture que le livre papier est maintenu ainsi mais bien au nom de l’économie de ce marché.
Si je pense qu’il s’agit d’une erreur (le prix de l’ebook prive certains de l’accès à la culture comme on peut le lire parfois sur le forum), je ne pense pas que cela changera dans les années à venir.
Pas dans un futur proche en tout cas.
Tout livre ne fonctionne pas en numérique
Il y a aussi des livres, nombreux, qui ne fonctionnent qu’au format papier.
Je veux parler des livres éducatifs pour les enfants, des livres de coloriage, des livres pop-up (ou j’aime ça !), des beaux livres et des collections beaux arts des éditeurs, etc.
Si certains de ces ouvrages se retrouveront forcément en numérique, je ne suis pas certain de leur succès.
Parfois, certains genres de livres papiers sont fait pour être touchés et feuilletés . Simplement. Une chose que ne me permet pas vraiment de faire le numérique.
Pour toutes ces raisons, je ne pense pas qu’on soit prêt de voir le livre papier disparaître. Mais dites moi si je me trompe !