L’application Kobo est présente sur la plateforme iOS (iPhone et iPad) et Android. Mais, à chaque livre vendu via l’application Kobo sur iPhone ou iPad, Apple gagne 30 % du chiffre d’affaires. Une situation aujourd’hui insupportable pour Kobo qui décide d’attaquer en justice Apple.
Spotify lance le mouvement
C’est le modèle de l’App Store chez Apple : quoi qu’il se passe dans une application iPhone, Apple exige de récupérer 30 % de l’argent qui passe entre les utilisateurs et les créateurs d’applications.
Un modèle qui commence à agacer de nombreuses entreprises qui y voient un abus.
Tout a commencé en mars 2019, lorsque Spotify a lancé une première plainte.
Le service de streaming musical doit alors donner 30 % des revenus générés par les abonnements mensuels à Apple.
Pour faire face à ce surcoût, Spotify a augmenté le prix de l’abonnement à 12,90€ à l’intérieur de l’application iPhone, tout en conservant la possibilité de s’abonner pour moins cher sur Internet via un navigateur (9,99€).
Mais, Apple a aussi proposé un service concurrent : Apple Music. Ce service est quant à lui vendu 9,99€.
Il a donc semblé évident pour Spotify que Apple a abusé de sa position pour privilégier son propre service de streaming musical afin qu’il soit moins cher que ceux de la concurrence ou qu’il rapporte plus.
Une plainte a été déposée et la justice doit encore rendre son verdict sur ce différent entre Spotify et Kobo.
Kobo suit et attaque aussi Apple en justice
Aujourd’hui c’est Kobo qui lance une procédure en justice pour un motif similaire.
En effet, en théorie Apple prélève 30 % sur les transactions financières réalisées depuis l’application Kobo.
Donc, cela signifie que pour un livre vendu 10 € chez Kobo, Apple va prendre 3 €.
La solution trouvée aujourd’hui par Kobo, Kindle et les autres services du même type est de ne pas proposer de livre à la vente depuis son application.
Si Kobo ne vend pas de livre, Apple ne touche pas d’argent. Les utilisateurs du service de lecture Kobo doivent donc se tourner vers le site Internet ou la librairie intégrée à leur liseuse pour acheter et télécharger des livres.
Sauf que, une fois de plus, Apple propose un service de vente d’ebooks.
Pour Kobo, Apple cherche plutôt à empêcher l’achat des livres numériques en dehors de sa propre librairie afin de cloisonner ses utilisateurs dans les services Apple.
Kobo a donc demandé à la justice européenne d’enquêter sur Apple pour évaluer à quel point ce type de fonctionnement peut nuire à la concurrence.
Avec des ventes d’iPhone qui s’élèvent toujours à environ 150 millions d’unités vendues dans le monde et par an, la plateforme d’Apple peut en effet représenter un important manque à gagner pour Kobo.
Mais, début 2020, les ventes d’iPhone n’ont représenté que 12 % des ventes de smartphones. Il n’est donc pas certain que l’abus de position dominante soit retenu par la justice.
Et à la fin c’est Amazon qui gagne ?
L’enquête n’en est qu’au début et on peut estimer qu’il faudra de nombreux mois, et peut-être des années, avant d’avoir une réponse de la justice européenne.
Mais, on peut déjà imaginer différents scénarios.
Premier scénario : la justice européenne demande à Apple de baisser les frais sur les ebooks et d’imposer les mêmes frais à son propre service de ventes de livres numériques.
Dans ce cas, Kobo peut se mettre à proposer des ebooks à l’achat directement depuis l’application.
Mais, d’autres acteurs comme Kindle, Vivlio, Bookeen, Tolino ou Pocketbook peuvent aussi le faire.
Avec la force de frappe commerciale d’Amazon, on peut penser que cette décision pourrait également favoriser les ebooks Kindle déjà largement présents sur les liseuses.
Autre scénario possible : rien ne change.
Kobo aura alors perdu beaucoup de temps et d’argent, deux ressources précieuses, et sa position face à la concurrence ne change pas. C’est encore Amazon qui gagne (et Apple sur iPhone et iPad).
Dans tous les cas, c’est une bonne chose que des entreprises alertent la justice face à la « taxe Apple des 30 % », comme on surnomme parfois ce fonctionnement de l’App Store.
Cela permettra sans doute de voir évoluer ce modèle économique pour arriver à plus de justice pour les différents acteurs du livre numérique.
Maintenant, si la justice pouvait en profiter pour jeter un œil sur les DRM et l’interopérabilité des ebooks en Europe, ce serait aussi une très bonne chose.
Pour plus de détails, le site Actualitté précise les informations juridiques.