Le système de protection CARE de TEA (The Ebook Alternative) a été annoncé hier et j’ai pu en savoir plus sur son fonctionnement via un échange avec David Dupré et Florian Bouteiller.
Petit rappel sur CARE
CARE se veut un système de protection des livres numériques (ebooks) alternatif à ce que propose le DRM d’Adobe.
Si Adobe à la main mise sur sa technologie, le système CARE est « ouvert » dans le sens où il s’appuie sur une spécification mise au point par le consortium Readium : le système LCP.
En d’autres termes, cela veut dire que différents acteurs de l’économie du livre numérique peuvent mettre en place un système compatible et interopérable avec celui de TEA.
A titre de comparaison, il n’est pas possible pour un acteur du livre de faire un système compatible avec celui utilisé par Amazon…
En pratique comment cela fonctionne ?
Le système CARE est déjà fonctionnel sur les liseuses Tea Ultra et Tea Touch Lux 3 (les ex-Pocketbook donc). Les ebooks vendus par Tea (Decitre, Cultura, System U, les libraires indépendants, etc.) sont maintenant équipés de ce système.
Selon TEA, le système CARE est déjà déployé sur plus de 30% des appareils compatibles. La mise à niveau des autres appareils se fera très rapidement dans les jours (et les semaines) à venir.
Pour l’utilisateur c’est le top, car tout cela est transparent : il achète un ebook protégé par CARE, mais il n’a rien à faire de plus (pas de mot de passe, ou de nouveau compte utilisateur à créer chez un tiers).
En effet, c’est son inscription sur la librairie qui assure le bon fonctionnement du système (via un système de clés informatiques).
TEA a donc reproduit un système équivalent en terme de simplicité à celui qu’Apple et Amazon fournissent à leurs clients.
On sent bien que l’expérience utilisateur est au cœur des préoccupations de l’équipe Tea derrière ce nouveau système.
L’avantage pour les lecteurs
Vous l’avez déjà compris : tout va devenir beaucoup plus simple avec le système CARE. Mais, il y a un avantage supplémentaire : l’interopérabilité.
Dans le futur, lorsque vous achèterez un livre protégé par le système CARE de TEA, vous pourrez aussi le lire sur une machine basée sur la même protection qui utilise aussi LCP de Readium.
Et inversement ! Si vous achetez un livre protégé par un système dérivé de LCP (mais non CARE), vous pourrez le lire sur le système qui utilise CARE.
Il suffit que les machines prennent en compte le système LCP pour que les ebooks soient compatibles.
L’avantage pour les éditeurs et constructeurs de liseuses
Les éditeurs n’auront plus besoin d’avoir recourt au système de protection d’Adobe qui est très coûteux (les chiffres sont secrets, mais ils doivent monter jusqu’à quelques dizaines de milliers d’euros par an pour les gros éditeurs) et compliqué à utilisé pour les lecteurs et lectrices.
Pour les constructeurs de liseuses, c’est exactement le même principe : ils n’auront plus besoin de passer par le système d’Adobe.
D’ailleurs, n’importe quel membre du consortium Readium peut implémenter son propre système basé sur LCP, même s’il semble plus intéressant de réutiliser celui de TEA qui est déjà fonctionnel.
Les économies sont donc plus importantes et les marges pour les éditeurs et les auteurs pourront être plus grande grâce à la possible diminution des coûts engendrés par le passage à cette technologie.
Mais, la simplicité d’utilisation de CARE va aussi permettre de vendre plus d’ebooks car le système est transparent pour les utilisateurs qui auront un freins de moins lors de leur achat.
Quel avenir pour LCP et CARE ?
TEA fait figure de pionnier sur l’implémentation de LCP dans le monde.
Mais, ils ne sont pas seul à travailler sur ce sujet. Feedbooks, par exemple, est aussi très actif sur cette question. Les éditeurs ne sont pas en reste puisque Hachette travaille aussi en ce sens.
On a donc peut être la naissance d’un vrai système de protection qui prend soin de tout le monde, auteur, lecteur, éditeur et distributeur de livres numériques.
Certes, ce n’est pas une suppression totale du DRM, mais pour une fois on a une initiative intelligente sur cette question qui prend aussi soin du lecteur.
Contrairement à ce qui c’est passé avec l’industrie du disque qui n’a pas réussi à s’organiser assez vite, on sent qu’une page s’est peut-être tournée dans l’industrie du Livre. Celle-ci commence vraiment sa révolution numérique et le soutien des éditeurs français au système CARE en est une preuve flagrante.
Il ne manquerait plus qu’un sursaut de l’Europe sur la question de l’interopérabilité (et forcer tout le monde à utiliser un système basé sur LCP) pour poser la cerise sur le gâteau !
Il faudra donc attendre quelques mois, voir quelques années, pour vérifier que les autres parties prenantes du consortium Readium et LCP suivent le mouvement.
PS : Un grand merci à David Dupré et Florian Bouteiller pour m’avoir accordé du temps pour m’aider à mieux comprendre ce système.