En 2018, J’ai Lu fête ses 60 ans. Si le petit livre de poche a permis au plus grand nombre de découvrir des textes de qualité, divertissants ou – simplement – à succès, nous allons voir que derrière cette réussite se cache aussi un véritable frein au numérique.
Un peu d’histoire
En 1958, les éditions J’ai Lu sont créées pour permettre l’édition de textes anciens à petit prix et dans un format plus ramassé.
Mais, les débuts sont difficiles et les librairies refusent généralement ce format qui ne convient pas à les étales. Ce sont donc quelques « supermarchés » de l’époque, comme Prisunic, qui commenceront à vendre les livres des éditions J’ai Lu.
Rapidement, le succès est présent et J’ai Lu sortira même des livres grands format comme le cycle fantasy de la Tour Sombre de Stephen King.
Alors, 60 ans après, on ne peut que fêter l’existence des éditions J’ai Lu et de leur petit format ?
Mais, ce petit format, qui appartient à Flammarion, est aussi un gigantesque problème pour le développement du livre numérique.
Des prix papiers bas
En effet, le concept des livres édités par J’ai Lu est bien rodé : fort d’un petit format et de couts de production et de distribution maîtrisés, l’éditeur arrive à commercialiser de nombreux ouvrages pour un prix compris entre 5 et 8 euros (en gros et pour simplifier).
Le réseau de distribution permet alors d’écouler en grande quantité les exemplaires : on trouve ces livres, souvent déjà des best-sellers bien connus, dans les librairies mais aussi des points presse et des grandes surfaces.
Bref, ça tourne bien, comme les rotatives bien huilées d’une imprimante professionnelle.
Mais voilà, comment alors expliquer le prix des versions numériques des livres édités par J’ai Lu ?
Le prix du numérique de J’ai Lu n’a aucune logique
J’ai beau chercher et retourner la situation dans tous les sens, je n’arrive pas à comprendre.
Le prix de la version numérique d’un livre paru chez J’ai Lu est dénué de toute logique.
Parfois, le prix du numérique est plus cher, parfois légèrement mois cher et – souvent – au même prix ou presque.
Dans tous les cas, il n’y a que peu d’avantage financier à acheter le livre en format dématérialisé.
Pourtant, les frais globaux sont plus faibles car, même si Amazon, Kobo ou Fnac.com conserve une partie du prix de vente, il n’y a pas besoin de fabriquer et transporter le livre numérique.
On doit logiquement s’attendre à obtenir un meilleur prix pour la version numérique !
Or, ce n’est pas du tout le cas, comme vous pouvez le voir sur cet exemple trouvé rapidement sur Amazon.Fr (cliquez ici pour constater les dégâts si vous avez le cœur bien accroché) :
Je pense que pour le cas où le livre numérique est deux fois plus cher que le papier, il y a un problème de droit : la version ebook ne doit pas appartenir et être édité par J’ai Lu. Où alors c’est une erreur grotesque.
Pour le reste, je ne comprend pas.
Un centime de réduction par rapport au prix papier, soyons sérieux une minute !
Et après on se demande pourquoi les gens lisent de moins en moins alors que tout est déjà présent pour permettre l’accès de textes au plus grand nombre, dans le format numérique…
J’ai Lu : la perte de son âme fondatrice
Alors qu’en 1958, les éditions J’ai Lu faisaient figure d’une nouvelle ère dans l’édition française, il est réellement dommage que cet esprit nouveau et visionnaire soit mort en 2018, soit 60 ans plus tard.
Car, les vraies éditions J’ai Lu de l’époque, et les grands Hommes qui ont consacré leur vie à ce rêve du livre accessible à tous, auraient sans aucun doute bousculé les codes en vigueur dès 2007 en proposant l’accès à de grands romans en numérique à prix défiant toute concurrence.
L’âme révolutionnaire de ces éditeurs hors du commun est-elle définitivement morte ?
Peu importe la réponse à cette question, il est peut-être temps d’arrêter de célébrer ce passé, qui tue maintenant à petit feu le développement de la culture.
Le moment est donc venu d’imaginer le monde de la culture de demain, comme ces pionniers l’ont fait il y a 60 ans.
Effectivement J’ai lu achète les droits à l’éditeur (ils ont des accords) et l’édite. Aucun lien avec l’édition numérique du coup… qui reste à la charge de l’éditeur broché (grand format). Donc des politiques différentes. L’éditeur met du temps à aligner son prix sur le format poche (lorsqu’il le fait), et comme vous dites parfois un peu au dessus (9,99 au lieu de 7€ env. pour le livre poche) ou très proche. Dommage, ils veulent garder leur marge mais l’intérêt l’emporte pour le livre poche pour le prix payé pour encore beaucoup de monde (objet physique, on peut le prêter, etc).
Même si moi je préfère en numérique aussi :)
Merci pour ces précisions.
Donc l’éditeur qui persiste à faire du livre numérique au même prix que le J’ai Lu (ou deux fois plus cher) est inconscient – ou alors sadique.
Reste qu’il manque en France un éditeur capable d’offrir ce que J’ai Lu ou Pocket font avec le format poche pour le numérique : des ouvrages de fond de catalogue, déjà bien vendu, à un tarif accessible en ebook…
C’est la volonté de ne pas voir le numérique prendre le pas. Si l’on regarde bien, le numérique retiré des marges aux intermédiaires voir les supptimes définitivement. Qu’est-ce qu’un éditeur si ce n’est un intermédiaire? C’est somme toute un scénario assez classique, les intermédiaires traditionnels s’attachent à leur rente.
Pour autant les acteurs importants sont les lecteurs et les écrivains, la chaîne qui les relie, se transformera, cela à déjà et ne s’arretera pas.
6 ans après, le constat reste le même. Pocket et J’ai Lu pratique toujours des prix farfelus, voir exorbitant pour un format numérique, quand d’autre éditeurs proposent une offre et des opérations commerciales régulière et fidélisent leur lecteur.